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DEUX MONDES SEPARES
Selon Daniel Welzer-Lang, maître de conférence en sociologie à l'université de Toulouse et spécialiste de la construction sociale de la sexualité. "Le modèle du couple à la vie à la mort a pris l'eau. Les nouvelles pratiques sexuelles sont le reflet d'une interrogation sociale sur la sexualité, la cellule familiale, la fidélité, etc. Mais il ne s'agit pas pour autant d'un hymne à l'infidélité. Au contraire, les couples échangistes ou sadomasochistes se disent fidèles, puisque l'autre n'est pas "trompé", il est même associé aux jeux sexuels qu'il partage. Ces pratiques reflètent plutôt une montée de l'individualisme au sein du couple et une extension du commerce au domaine relationnel. La disparition des lieux de drague a laissé la place à la marchandisation de cette intimité, surfant sur le "il faut tout essayer"
"Dans le libertinage et l'échangisme,l'excitation et le désir sont produit par le déroulement d'un scénario attendu qui met en scène une sexualité seule, en couple ou en réseau. Pour les échangistes, le réseau est au coeur des relations sexuelles mais pas uniquement. Si après la rencontre, les couples passent rapidement à l'acte, ils peuvent ensuite devenir amis et se revoir pour dîner ensemble sans forcément avoir des relations sexuelles. La sexualité est alors une mise en contact."
Pour le sadomasochisme, cette « démocratisation » est moins évidente. Il y a moins de clubs et les pratiques sont plus limitées. On peut constater une certaine porosité des frontières entre échangisme et SM : il y a souvent une croix de Saint-André et une paire de menottes accessibles dans les clubs échangistes. Mais il s'agit là de SM soft. Par ailleurs, cette porosité des frontières a même envahi l'intimité "ordinaire" : la fessée, la flagellation ou les menottes ne sont plus des pratiques exceptionnelles chez les couples. A contrario, la fréquentation des clubs sadomasochistes reste marginale.
Si le sexe au coeur de l'échangisme peut séduire un grand nombre de couples, le sadomasochisme n'est pas forcément lié au sexe. Très souvent intellectualisé et scénarisé avec des maîtres et des esclaves, il est plus centré autour de la sensation de soumission ou de domination et de douleur.
La milieu sadomasochiste ne semble pas souffrir des même travers que le milieu échangiste. Il peut y avoir, en effet, une inversion des positions, ainsi les hommes qui sont meneurs et demandeur dans la relation échangiste , peuvent être soumis même si selon plusieurs études sociologiques, on se rend compte qu'ils gardent souvent le pouvoir lors de la relation (l'initiative du scénario…). Au Japon, où l'on compte plus de 600 clubs sadomasochistes. Beaucoup plus répandus qu'en France, ces clubs accueillent des cadres stressés qui viennent s'y détendre en tant que soumis. La diffusion massive de cette pratique est facilitée par des modèles culturels différents de ceux ayant cours en Occident.